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La façade sud
 
Vestiges archéologiques devant l´entrée
 
Saint Élie, icône récemment offerte au sanctuaire
 
Église Saint Michel (Mar Mikhayil) de Moncef
 
Notice historique  

La chapelle de l’archange Michel de Moncef est située dans une oliveraie, au milieu de la garrigue au nord-ouest du village. C’est un site éloigné auquel on accède par un chemin en terre, après plus d’un quart d’heure de marche. Les habitants désignent ce secteur par ‘Areqbeh.

Cette chapelle de dévotion, que l’on appelle deir en arabe, est à nef unique. Elle est couverte par une voûte en berceau brisé et prolongée, à l’est, par une abside au chevet plat. De l’extérieur, elle a la forme d’un parallélépipède. Les murs sont en pierres de calcaire blanc taillées.

On dit que la chapelle fut construite en 1874 grâce aux soins de Mgr Ghofril Chattila, archevêque de Beyrouth et du Mont Liban. Dans son ouvrage al-Moncef qabla an-nisyan (Moncef, notre mémoire) de 2002, Qaysar Awwad rapporte en revanche qu’un sanctuaire plus ancien se trouvait sur les lieux, à une cinquantaine de mètres à l’ouest, sur la parcelle foncière 154, dans la région dite « al-Biyar », les citernes ; et qu’un cimetière le jouxtait sur son côté occidentale, sur la parcelle 86. Il semble que le sanctuaire était alors un tout petit deir, une station votive sur la route qui reliait Moncef aux villages avoisinants. Vers le milieu du XVIIe siècle, ce vieux deir fut remplacé par une construction plus grande, le monument actuel dédié à l’archange Michel, sur un terrain ayant appartenu à la famille Awwad. En 1872, la chapelle est restaurée, puis consacrée par Mgr Ghofril Chatilla, en 1874. Ce qui laisse supposer que l’Archange Michel était au préalable une chapelle privée ; à moins qu’il n’y ait eu reconstruction totale du site en 1872, non pas une simple restauration, ce qui a nécessité une re-consécration.

Quoi qu’il en soit, vers 1950, la chapelle était en ruine. Après le tremblement de terre de 1956 qui ébranla la toiture, une couverture plate en béton remplaça, en 1960, l’ancien toit de terre battue. La même année, on assiste à la restauration du mur nord et au rajout d’un auvent en plaque de béton ondulé posée sur un châssis métallique, enlaidissant l’entrée de ce monument. En 2001, l’intérieur fut à son tour arrangé, peut-être par un maître-maçon du quartier de Moussayteh de Beyrouth. Un nouveau chemin d’accès fut alors tracé à travers l’oliveraie.

À l’intérieur, l’abside est large de 3 m environ, et ne comporte pas de corniche. L’arc triomphal est formé de claveaux relativement bien taillés. Un manfas est percé dans la paroi orientale, juste au-dessus de la clé de l’arc, avec un léger décalage vers le nord. Une autre lucarne rectangulaire existe aussi dans le mur ouest, en vis-à-vis.

L’abside est flanquée au nord par une niche cintrée, aménagée à mi-hauteur de la paroi. C’est la prothèse. Deux autres petites niches de 0,32 m x 0,38 m au nord et de 0,30 m x 0,30 m au sud sont également aménagées dans les parois latérales, près du mur oriental.

De l’ancien templon, il ne subsiste que les poutres arrière qui supportent l’iconostase actuelle en contreplaqué et que devance une large marche appelée manbar, le solea. Trois portes ouvertes dans cette iconostase font communiquer le sanctuaire avec la nef.

Des icônes royales qui ornaient l’iconostase, il ne subsiste que celle de la Mère de Dieu et de l’Archange Michel, patron de la chapelle Toutes les deux se trouvent aujourd’hui à Saints Serge et Bacchus.

On accède à la chapelle par une porte basse percée au milieu de la façade ouest. Sous le linteau, on remarque encore, fiché dans une mortaise, le bois de la porte en bois qui a précédé la porte actuelle en fer. Sur le massif linteau en pierre de cette porte, est gravée une croix grecque simple.

La partie orientale de la nef, juste devant l’iconostase, est éclairée par deux fenêtres latérales construites de la même manière. De l’extérieur, ces fenêtres comportent un double encadrement. Un premier cadre large et cintré est aménagé uniquement dans l’épaisseur de la paroi extérieure. Au fond de ce cadre, des montants en pierres de taille dessinent un second cadre rectangulaire et plus petit, correspondant à l’ouverture proprement dite. Une observation attentive de l’appareillage permet de constater que ces deux cadres de fenêtre sont construits indépendamment l’un de l’autre et correspondent probablement à des phases différentes de construction. Il est tentant de penser qu’une chapelle ancienne, dotée de deux fenêtres latérales a été enveloppée par un mur récent. Cette seconde opération a pu intervenir au XIXe siècle, les travaux de 1872 ayant peut-être été plus qu’une restauration. Cela expliquerait d’ailleurs l’épaisseur excessive des murs latéraux : 1,20 m ; alors que généralement une épaisseur de 0,90 m suffit pour contenir les poussées d’une voûte en berceau. On sait par ailleurs que pour ne pas affaiblir les murs latéraux les chapelles couvertes d’un berceau étaient généralement dépourvues de fenêtres. De ce fait, l’intérieur des nefs était sombre, éclairé seulement par les manfas et éventuellement, la porte ouest. Des fenêtres furent donc aménagées lors des restaurations tardives, comme par exemple à Mar Tadros de Bahdeidat ou même aux églises de Notre-Dame et de Saint- Elie à Tartous.

Cinq dalles fichées à intervalles réguliers dans le mur sud vers l’angle sud-est permettent d’accéder à la terrasse. La première marche, comme de coutume, est placée à une certaine hauteur du sol pour empêcher, dit-on encore dans le village, enfants et animaux de l’atteindre. Ce dispositif daterait bien sûr de la seconde phase de construction.

La table d’autel, qui est une dalle fruste de 0,90 m x 0,72 m est posée sur une sorte de pilier formé à son tour de trois éléments de supports antiques. Tout à fait en bas, une base de colonnette soigneusement moulurée est soudée à une plinthe rectangulaire de 0,45 m de côtés. Au-dessus est posé un chapiteau dorique surmonté d’un abaque épais. Enfin, tout à fait en haut, est placé un chapiteau ionique d’une forme particulière : entre les deux volutes frontales, à l’emplacement réservé à l’ove et aux palmettes, est sculpté un  motif en forme de tulipe. Il s’agit en fait d’un chapiteau dont la sculpture n’a pas été achevée.

On peut encore signaler un autre chapiteau dorique posé devant la porte de l’église. De dimensions différentes, il provient d’un autre édifice. Dans ces quatre fragments de colonnes, l’amorce du tambour a été taillée dans le même bloc.

Ces pièces datent de l’époque romano-byzantine. Le chapiteau ionique est probablement byzantin. Proviennent-elles du site même de l’église ou ont-elles été rapportées d’ailleurs ? En l’absence d’éléments in-situ et de fouilles archéologiques, il est difficile de trancher. Toutefois, les informations fournies par Qaysar Awwad nous font pencher vers la seconde hypothèse. On ne constate aucun bloc antique sculpté en remploi dans la maçonnerie de la chapelle, si ce n’est quelques gros blocs, qui sont de facture romano-byzantine, employés au l’angle nord-ouest de l’édifice, et aussi dans l’angle sud-est. À ce dernier endroit, un grand bloc comporte une croix byzantine gravée dans un cercle et une autre croix grecque simple. On trouve aussi dans l’entourage de la chapelle des tessons de céramique qui peuvent dater de ces périodes.

Signalons enfin la présence d’une ancienne citerne, sur le côté sud de la chapelle, et, devant son entrée, d’un fragment de margelle dite kharzé en arabe. Au sud-est de la chapelle, existe aussi une grotte non encore explorée.

La chapelle de l’Archange Michel est le seul monument religieux de Qornet ar-Roum à avoir conservé son naqous, la simandre. Celui-ci est aujourd’hui accroché sur la paroi à droite de la porte d’entrée. Il s’agit d’une barre de fer, large de quelques cm et longue de plus d’un mètre, et que l’on fait tinter avec un heurtoir métallique ou avec une baguette en bois.

Lévon Nordiguian

Extrait de :
Églises et chapelles orthodoxes du Qornet al-Roum (Pays de Jbeil, Liban) , M. Davie (dir.), 2012, Publications de l’Université de Balamand, Coll. Patrimoine antiochien : diversité et ouverture, pp. 184-191.

 

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© Université de Balamand, Mise à jour février 25, 2021